S’il y a bien une notion qui me gène quand j’entends parler certains investisseurs – et je l’ai colportée aussi… c’est la notion d’hyper-croissance. Surtout quand il s’agit d’investir dans des startups ! Si la notion peut avoir du sens quand il s’agit de constater la croissance du chiffre d’affaire (+50% d’augmentation pendant 3 ans) d’une société déjà installée dans son modèle économique, elle me semble dénuée de sens pour une startup. Le CA x 50% les 3 premières années n’est pas encore le signe de réussite 🙂 ! La notion, si elle ne stresse pas le porteur de projet, a tendance à le rendre un peu mégalo ! Hyper-croissance = hyper-ressources = hyper levée de fonds…
Ne pas confondre time-to-market et précipitation
Bien entendu, il s’agit pour les investisseurs de chercher la société qui va grandir vite et fort, celle pour qui l’investissement réalisé est source de création de richesses, d’emplois, de valeur… de succès. Faut-il comprendre par la notion de « hyper » que l’entreprise doit forcément aller très vite, sans quoi, elle a moins de potentiel que celle qui va… plus vite ! Investisseurs, financeurs, ne soyez pas sur ce registre de vocabulaire. Certes, il y a un environnement concurrentiel, un time-to-market, mais le succès de la startup tient aussi dans la capacité du dirigeant à prendre le temps de la réflexion, de l’observation, de l’analyse, de la compréhension, de la stratégie. Un temps qui ne peut pas être sacrifié sur l’autel de la précipitation et des tendances « startup ». OK, Jean de La Fontaine a peut être un peu exagéré en faisant gagner la tortue; mais rien ne vaut un porteur de projet solide, convainquant, robuste sur ces hypothèses. Soyons pragmatiques, une expédition au K2 a plus de chance de réussir si elle est bien préparée !
Ce qui compte, c’est l’alignement des ambitions et des moyens
Mais alors, pourquoi parler d’hyper-croissance ? L’hyper-croissance ne se décrète pas, elle s’observe tout au mieux. Mieux vaut se concentrer sur les éléments qui pourront produire la croissance : le potentiel de l’innovation à répondre à un besoin ou une aspiration; ou le potentiel de l’innovation à exploiter une opportunité de marché, le potentiel de l’entreprise à accéder au marché dans un environnement concurrentiel; le potentiel de l’équipe à mener le projet ou à s’équiper des ressources qui lui permettront de réussir.
Le POTENTIEL. C’est une notion qui se mesure, l’Hyper-croissance se constate ou se rêve ! S’il y a un super potentiel, alors il y aura peut-être… super-croissance ! Mais en early stage, arrêtons de stresser nos porteurs de projets ! Qu’ils prennent le temps de poser de vraies fondations, de s’entourer des bonnes compétences et de ne jamais oublier, que quand le pari est osé – et qu’il a le potentiel d’hyper-croissance – l’investisseur s’intéresse bien plus à la qualité de l’équipe qui fait le projet qu’au compte de résultat prévisionnel qui montre un CA en croissance de +50% / an pendant 3 ans.
Il y a le bon et le mauvais chasseur
Le mauvais startupeur, il arrive, il voit une opportunité, il tire. Le bon startupeur, il arrive, il voit une opportunité… il tire. Mais il est bon ! Tout est là, dans les […] ! C’est le temps de la respiration, de l’analyse, de la compréhension, du recrutement des meilleures ressources ! Vous l’aurez compris, dans l’enfance d’un projet, je préfère souvent conseiller une stratégie de petits pas rapides et assurés plutôt que de grands pas hasardeux !